La collection «Théologie africaine», fondée à l'initiative de professeurs de l'Université de Fribourg/Suisse, vise à soutenir les Églises particulières d'Afrique et de Madagascar dans leur effort pour enraciner le message évangélique dans leurs cultures (inculturation). En ce sens, elle est destinée d'abord au public africain et malgache tout en invitant la théologie et les Églises occidentales à un dialogue fructueux en vue d'un enrichissement mutuel. En outre, la collection voudrait ouvrir la possibilité aux chercheurs (théologiens) africains et aux doctorants de publier leurs travaux afin de les faire connaître plus largement en Afrique et à Madagascar ainsi qu'en Occident et dans le monde en général.La collection comprend à la fois des monographies (dissertations ou essais) et des ouvrages collectifs (actes de colloques et de journées d'études). Les volumes sont publiés majoritairement en français, mais parfois aussi en allemand ou en anglais. La direction de l'édition est assurée par quatre professeurs, à savoir:Bénézet Bujo, professeur émérite de l'Université de Fribourg (Suisse), est originaire de Bunia au nord-est de la République démocratique du Congo. Il a d'abord été professeur à la Faculté de Théologie catholique de Kinshasa avant d'être appelé à enseigner la théologie morale, l'éthique sociale et la théologie africaine à Fribourg.Thierry Collaud, médecin et théologien, est professeur d'éthique sociale chrétienne à l'Université de Fribourg (Suisse). François-Xavier Amherdt est professeur de théologie pastorale, pédagogie religieuse et homilétique, président du Département de théologie pratique et vice-directeur du Centre d'études pastorales comparées à la Faculté de théologie de l'Université de Fribourg (Suisse).Albertine Tshibilondi Ngoyi, fondatrice du Centre d'Études Africaines et de Recherches Interculturelles (CEAF&RI), est philosophe et sociologue. Elle a été d'abord professeure de philosophie du langage (sémiotique-pragmatique), épistémologie, anthropologie et développement à l'Université catholique du Congo et à l'Université catholique d'Afrique centrale au Cameroun. Elle enseigne à l'Institut International Lumen Vitae à Namur (Belgique) et dirige le Centre CEAF&RI.

L'enseignement social de l'Eglise étant une partie intégrante du message évangélique ne peut se laisser efficacement transmettre que si, à l'instar de la Parole de Dieu, il ne perd pas de vue ses destinataires qui sont des personnes concrètes, ayant leur rationalité culturelle propre. Or l'on constate qu'en Afrique noire le message social chrétien continue d'être proclamé sur base des concepts empruntés à une philosophie étrangère à la vision du monde des destinataires. En effet, les notions fondamentales telles que les concepts de personne, de nature, de liberté, de propriété, etc. demeurent sans grande pertinence pour le monde africain subsaharien. Ces questions se situent au coeur de la préoccupation de cet ouvrage. Il s'agit plus particulièrement de considérer le concept de la vie comme principe autour duquel pivote toute l'éthique africaine, sans chercher à recourir à la loi naturelle classique comme fondement. La vie au sens africain a une dimension fondamentalement relationnelle et elle est tridimensionnelle, embrassant le monde visible et invisible, à savoir, celui des vivants, des morts et des non-encore-nés qui, ensemble, forment une communauté intégrale. Dans cette communauté il y a une interaction de vie entre les membres, l'action de l'un fait grandir tous les autres et vice versa. On parle ainsi d'un engendrement et d'un enfantement mutuels. La présente étude plaide pour que dans l'enseignement social de l'Eglise en Afrique subsaharienne toutes les questions tiennent compte de cette rationalité et soient discutées dans le cadre de la vision et de la religiosité africaines.