La première version du Poème de la sainte liturgie remonte à 1926. Son auteur, désigné sous le nom de frère Benoît, était l'abbé Maurice Zundel. Cette édition diffère des versions qui ont suivi par son caractère poétique. Frère Benoît prend appui sur le déroulement de la liturgie pour développer une méditation eucharistique sur l'homme - en particulier sur le rôle et la signification de la corporéité dans l'oeuvre du salut. Une idée directrice éclaire tout le livre : le Verbe s'est fait chair pour que la chair devint Verbe. Dans et par le Christ, l'univers reçoit une splendeur nouvelle ; une mystérieuse unité (au sens du mystère de l'amour) se trouve tissée entre la matière revêtue de lumière et Dieu. Cette unité est vécue de manière éclatante dans la liturgie, où des éléments matériels servent à la communication de la grâce de Dieu. Par la Croix vers la Résurrection, le Christ a tout offert pour que nous puissions tout lui offrir : de la plus humble matière, jusqu'à la plus haute lumière, en passant par notre corps et notre âme. C'est à ce monde déjà transfiguré et pourtant encore attendu que veut ouvrir Le Poème de la sainte liturgie. Comme une action de grâce.
Né en 1897 à Neuchâtel, en Suisse, Maurice Zundel est ordonné prêtre à Fribourg en 1919. Jusqu'en 1975, année de sa mort, il vit dans un état de réelle pauvreté, partageant son ministère entre la prédication, l'accompagnement spirituel, l'étude et l'écriture, en Suisse, à Paris, Londres, Le Caire et Beyrouth, attentif à tout ce qui constitue le tissu de la vie humaine. En dépit des incompréhensions dont Maurice Zundel a longtemps fait l'objet de la part de théologiens, le pape Paul VI l'appelle en 1972 à prêcher la retraite de carême au Vatican. Son corps repose en la Basilique Notre-Dame de l'Assomption de Neuchâtel.