« Attendre. Il n'y avait plus qu'à attendre. Combien de temps faudra-t-il attendre ? Je savais qu'elle ne reprendrait pas conscience. Attendre. Aussi long que les heures qui précèdent un accouchement. Aussi immaîtrisable. On anticipe, on calcule, on projette, les médecins donnent des tables, des échelles, des étalons. Un terme. La vie imprévue. Vous étiez une, et soudain, vous êtes deux. Vous étiez deux, une mère et une fille. Vous êtes seule. Seule dans le lit à tenir dans ma main le caillou noir, chaud et lisse, avec sa petite encoche où je place mon majeur... »
La narratrice vit les derniers jours de sa mère. Chaque moment auprès d'elle fait resurgir les souvenirs. Le temps est chamboulé par la maladie, et l'approche de la mort confronte la fille à l'amour de la mère, avec son lot de non-dits, d'intimité et de dépendances. Se mêlent à la douleur et aux corps abîmés les images du passé. Avec la mère, un milieu et une époque vont disparaître... un monde d'héroïnes ordinaires que la narratrice ne veut pas oublier.
Nathalie Piégay vit entre Paris et Genève, où elle enseigne la littérature française moderne et contemporaine. Elle est l'auteur d'un récit remarqué - Une femme invisible - et d'un roman - La Petite Ceinture - aux éditions du Rocher.